Cette pièce déploie une dramaturgie, dont la narration se dévoile à travers les relations d’ambiguïtés musicales de ses différents personnages . Leur posture révèle leur parole, tantôt dans l’immobilité, la suspension, tantôt dans l'action et le geste. Alors, l'électronique s'incarne, elle décide et relie. A la manière d'une scène de théâtre, où durant le déluge de mouvements, il resterait toujours un témoin silencieux sur scène.
pour bande électronique et deux accordéons
En hommage à mon ami Juaco
La rue
C'est une longue et silencieuse rue.
Je marche dans les ténèbres et je trébuche, je tombe
je me lève et je marche avec des pieds aveugles
sur des pierres muettes et des feuilles sèches
et quelqu'un derrière moi y marche aussi :
si je m'arrête, il s'arrête ;
si je cours, il court aussi. Je tourne ma tête : personne .
Tout est obscure et sans sortie,
et je tourne dans des coins de rue
qui mène toujours à la rue
où personne ne m'attend ni me suis,
où je suis un homme qui trébuche,
se lève et dit en me voyant : personne.
Octavio Paz 1990